Cette fois où on m’a volé des sentiments


Moi j’aime bien les sentiments. Je les aime ronds, douillets, chauds, heureux et souriants. Je les aime quand je les reçois, je les aime quand je les donne. Je les aime beaucoup quand je les offre à ceux qui ne s’y attendent pas toujours. Mes bons sentiments je les partage à coup de sourire à la caissière, une p’tite grimace drôle à un bébé dans le bus, le chauffeur du bus aussi d’ailleurs, en souhaitant une bonne journée aux inconnus dans l’ascenseur, paraîtrait même que j’en partage un peu ici entre les lignes.

Mais aussi, et surtout, je les offre à mes proches. Du mieux que je peux, et de mieux en mieux au fil des années. Petite confession «drôle pas drôle»: il y a quelques années (4-5 ans environ), je me considérai comme une (pardon) grosse connasse. Yep. Je ne mâche mes mots, j’essaie même pas d’être polie parce que je pense que j’étais vraiment comme ça. Très conne. Pleine de stress, d’anxiété, de doute, d’ennui, de regret. Frustrée à mort, ennuyée tout autant, et plus que tout, perdue. Je lançais mes pics à qui étaient à même d’y toucher. Mon ex a payé cher, d’anciens collocs aussi, ma famille sûrement, quelques amis évidemment (non, bizarrement je ne les ai pas tous perdus!).
Tout ça pour vous dire que j’ai beaucoup changé, que j’ai grandie et je m’efforce depuis cette période-là, d’être simplement une personne sympa, ni plus ni moins.

Alors, imaginez dans quel état j’étais alors que je découvrais qu’on m’avait volée pendant ma propre soirée d’anniversaire…

On m’a volée pendant ma fête. Dans mon p’tit chez moi, dans mes choses à moi. Plus les jours passaient, plus je découvrais des choses qui avaient disparu, plus je me sentais trahie. Dans le néant total de l’amitié, dans le flou des doutes et des interrogations qui me submergeaient. Dans cette vague de sentiments pas gentils et pas polis, et vraiment pas bons pour mon bedon, je tentais de comprendre. On m’a volé des objets. Des conneries même. Mais plus que tout, mon papa l’a si bien compris, on m’a volé de l’amitié. On m’a volé des sentiments que j’ai offerts, que j’ai donné gratos, que j’t’ai refilés à l’aveugle visiblement, parce que ta tête d’ange avait convaincu mon p’tit cœur mou.

Vous savez quoi, je m’en cache pas. J’ai chialé. Ouais j’en ai braillé de m’être fait voler mes sentiments. C’était peut-être pas les plus ronds, les plus douillets, les plus chauds, heureux ou souriants, c’était pas les plus rondoudou mais n’empêche, ils étaient là. Disponible pour toi. Ah, mais quelle idiote, je ne les avais planqués dans la salle de bain dans une pochette de maquillage… Comment pouvais-tu les trouver ?! Duuuhh!

Suite à ça, j’ai partagé la nouvelle à l’ensemble des invités. Résolue à soupçonner des proches. Quelle horreur. Mais j’ai aussi offert mon aide. À cette personne malade. Sûrement incomprise, et assurément remplie d’un mal-être dans son p’tit corps frêle. Son p’tit cœur i’ doit être bien mou à elle aussi.

Alors, à Celle y a pas longtemps, qui m’a volée, je ne peux pas te réclamer mes sentiments, je ne sais pas dans quel cœur, dans quels yeux, ni entre quelles vilaines mains je les ai mis, mais sache, que du fond de mon cœur mou, du haut des sentiments ronds, douillets, chauds, heureux et souriants dont me nourrissent mes vrais amis, j’ai de la peine pour toi. Et encore une fois, je t’offre cette chance de pouvoir t’aider.

Tout pendant que tu continueras de nager dans cette tourmente, tu construiras toi-même le plongeoir du haut duquel nous te regarderons chuter. Simplement parce que tu vis, tu as le droit, à mes yeux, de recevoir de l’aide. Auquel cas, tu finiras seule, entourée sens cesse de sentiments volés, violés et trompés. Alors qu’on a de si beaux à partager.

Tu es malade. Et tu es seule. Vole-moi cet élan de bonté qui me pousse à vouloir t’aider.

Le masque finira par tomber ma belle.

Article précédent Article suivant
  • Comme c’est triste & moche…
    Ça me rappelle un anniversaire il y’a quelques années. On l’avait organisé à 3, chacune avait invité ses amis en plus de nos amis en commun. Le lendemain matin je n’avais plus de macbook & elles, n’avaient plus d’appareils photos…
    C’était horrible, de 1. parce que ta confiance s’ébranle, de 2. parce qu’on a beau dire que c’est matériel, perdre un ordi, ses archives, ses photos c’est vraiment triste & de 3. parce qu’incapables d’imaginer que le voleur/la voleuse faisait partie de notre liste d’invités, on s’est rejeté la faute les unes sur les autres jusqu’à « briser notre amitié » (pendant un temps, au moins.)
    Bref, une sale histoire

    • Pas cool du tout en effet! Moi, toute seule avec mes émotions c’était pas simple à gérer, alors à 3…

  • Carlotta

    C est un très beau post Marie, et je suis impressionnée par le regard que tu sais porter sur celle que tu étais. Je me souviens bien de cette ado un peu rebelle et nombriliste que tu as pu être ( Comm e tellement d autres). Et je suis admirative de ta réaction face à cette personne qui en volant des petites choses a volé comme une partie de toi. J espère qu elle aura assez de lucidité pour accepter ta main tendue.

  • Junca

    Malheureusement tu vis actuellement ce que beaucoup d’entre nous ont connu. Mais tu es tellement généreuse que tu lui propose encore ton aide belle démarche ,mais attention de ne pas te brûler les ailes encore plus, il y a des gens qu il vaut mieux laisser sur la route…..Bonne chance

  • Katy

    Tu es une bonne, une belle et une généreuse personne Marie. Et tu ne mérites pas qu’on te vole tes sentiments.


close