Sourire avec des plis aux yeux


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Il est de ces journées où je souris avec les yeux, ceux qui plissent, ceux qui même, font que les joues rougissent. Et ce n’est même pas parce que tout va bien. On est même assez loin de ces jours où les choses sont en places, où rien ne me tracasse.
Sans trop rentrer dans les détails des déboires de mon quotidien, alors que je tourne la page pour entamer une nouvelle semaine, j’ai l’impression d’être une personne complètement différente de celle de lundi dernier. Il n’est pourtant pas loin ce jour. C’était presque hier. Je peux même encore sentir à tâtons sur mes épaules, ce poids, cette pression, ce stress qui m’a envahie. Je peux facilement me remémorer ces douleurs au ventre, le jour, la nuit. Et mon dos lui aussi me rappelle que la tension est tout de même encore bien présente.
Mais alors, qu’est-ce qui a changé depuis lundi? Pourquoi aujourd’hui je souris avec des plis aux coins des yeux? Ce sourire sincère qui me fait changer d’air! Qu’est-ce qui fait que mon pas est guilleret, mon menton levé et ma tête plus reposée? Et bien Dimanche, avant de recommencer, de repartir dans ma routine café-chaton-ronrons-métro-boulot-chaton-ronrons-dodo, avant de reprendre la route, le pas lourd, le cœur flou et le sourire pas là du tout, j’ai décidé.

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J’ai décidé que là maintenant tout de suite mon pas ne sera plus lourd, mon cœur ne serait plus flou et mon sourire sera bien là, malgré tout.
J’ai décidé que, à défaut de m’apitoyer sur un sort, qui finalement n’est pas encore jeté, j’allais sourire. Avec les yeux. Avec le printemps qui arrive. Avec mon livre, le tome 2 de ce roman entamé. Avec ma musique sur les oreilles. Avec ces gens dans le métro, ceux qui sentent bon le matin. Avec ces petites dames trop apprêtées. Avec ce chaton qui m’aime. Avec ce gros chat que j’aime. Avec ceux qui sont là. Autour de moi. Aujourd’hui.
Depuis que j’ai quitté la France, je réalise à présent, avec beaucoup de recul (6 années, un océan et plusieurs allers-retours) à quel point j’ai progressé dans le positivisme. Parce que merde, qu’on se le dise. On est assez râleurs par chez nous! Et j’en suis. Du moins j’en étais. Je le suis sûrement encore trop.
Aujourd’hui, je souris, mais non, je ne suis pas positive. Je n’ai pas vraiment de raisons de l’être. Il y a de ces nouvelles qui tombent et qui vous laissent en suspend jusqu’à ce que l’impact est lieu. Et on fait quoi pendant ce temps là? En attendant la fin de la chute? Et bien on utilise un mot. Une expression. Ces 6 lettres qui m’ont rendues et me rendent malade dans le sens le plus premier du terme. On S.T.R.E.S.S.

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«Ah je stress trop pour…» «Ouai, j’suis un peu stressé car…» «Putain j’étais trop stressé de…» (CRIS ET HURLEMENTS QUI FONT DU BIEN). Je voudrais ne plus entendre ça. Mais c’est impossible je le sais bien. C’est devenu une banalité ce mot-là. Et c’est grave. Pour moi il s’agit d’une petite aiguille qui me pique à chaque fois que son son résonne. Streeeesssss…
Il y a quelques années, quand j’essayais de me trouver des choses ordinaires pour éliminer un peu de négatif dans ma vie, j’ai décidé de réduire fortement l’utilisation de ce mot. Et donc, de le remplacer par un synonyme, ou mieux, de traduire avec d’autres mots ce que je souhaitais partager.
Au lieu de dire «ça me stress cet examen» je pouvais dire «je suis un peu inquiète, car je ne pense pas avoir suffisamment révisé». Je n’utilisais pas le mot interdit, et je me rappelais à moi-même que j’étais responsable de mon état (car c’est clair que je n’avais pas assez révisé. Je n’ai jamais assez révisé…). L’idée n’est pas de m’infliger un reproche ou quoi, mais plutôt de prendre conscience, mettre le doigt sur la vraie raison de ce malaise que je ressens.
«Ça me stresse un peu le voyage»… Tu vas être assis le cul dans un avion à te faire gaver de nourriture et regarder des films pendant 7 heures. Qu’est-ce qui te stresse? Ne serait-ce pas le fait de rentrer au bercail? De retomber dans une routine un peu trop lente? De ne pas savoir ce qui t’attend, et donc, de craindre cet inconnu? Avec des questions et réponses, on a tellement de pistes pour avancer et régler un problème.

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Je me suis un peu éloignée de mon sourire qui fait des plis. Ce que je souhaitais partager (en fait, je voulais surtout l’évacuer de ma tête et pouvoir le relire pour ne pas l’oublier) c’est que parfois, il est bon, il nécessaire et il est important de se mettre sur pause. Off. On coupe. On arrête. On change le film. Si la situation actuelle est inconfortable mais que là maintenant, on ne peut rien y faire. Alors, à quoi bon se morfondre.
Je ne dis pas que c’est facile, c’est même un exercice plutôt complexe. Il ne s’agit pas non plus de faire l’autruche et de dire que tout va bien. Je vous le dis, aujourd’hui, je ne vais pas bien. Mais pour tous ceux qui, autour de moi, le méritent, je veux sourire. Alors, quand l’impact aura lieu, je pourrais me tourner vers eux et à mon tour je mériterais leur sourire. Et peut-être un peu de leurs bras pour pleurer. Ou bien de leurs joies pour partager la mienne.
Je veux sourire en faisant plisser mes yeux, car un sourire avec des joues qui remontent c’est tellement plus réconfortant.
Et vous, êtes-vous un utilisateur forcené du mot « stress »? Parvenez-vous à sourire avec des plis au coin des yeux ou bien avez-vous l’impression qu’il sonne faux? Quels sont vos trucs pour avancer, relativiser?

Source illustration: Pinterest

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  • C’est bien de pousser ce sourire parce que, disons-le, on l’oublie parfois.
    On le relaie souvent au second plan.
    Mais ce que je retiens surtout, c’est ce droit de vivre l’émotion au moment où elle est là.
    De la nommer, de l’identifier et d’en profiter lorsqu’elle nous plaît ou de la jeter par dessus bord quand ça le fait moins.
    Le piège avec ce sourire est de l’utiliser comme une façade, un masque qui trompe ces moments moins joyeux qui ont tout aussi le droit d’exister que les autres. Si tu penses utiliser trop souvent « je stresse » à tout vent, je ne parle même pas de ces gens qui répondent machinement « ça va bien » lorsqu’on leur demande comment ils vont…

    Ça fait beaucoup de sens pour moi quand tu dis que tu veux sourire pour ces gens qui t’entourent.
    :)

    • Je comprends bien ce que tu veux dire quand tu parles de façade. «Sourire avec des plis aux yeux» c’est une façon de dire «sourire pour de vrai». Et cette semaine je souriais vraiment, pas en faisant semblant. J’ai vécu mon émotion puis décidé de la ranger de côté en attendant la suite.
      Tu imagines si les gens osaient répondre que, non, ça ne va pas fort, en expliquant pourquoi avec des vrais mots, je crois qu’on se sentirait tous un peu plus léger… Mais on en est bien loin!

      • How funny — we seem to be on the same wavelength. I'm working on my INK post for March on how certain themes resonate with a writer and appear in multiple boape.Psrhoks you and are are conversing — in one of those parallel universes?As for going back and then cringing at what you find — yes, I think every writer must do that!

  • Je suis comme toi, je souris, même quand ça ne va pas. Car tu sais quoi ? Il y a toujours pire que ce qui m’arrive (c’est ce que je me dis). Alors je souris à la vie, parce que même quand c’est dur, ça pourrait l’être encore plus :)

    • C’est comme nous offrir une petite pause de répit dans une situation désagréable dans laquelle nous n’avons aucun pouvoir de faire changer les choses. C’est presque un anti-douleur!


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