Bonne semaine, bon lundi! Bonne journée! Ces mots si banals pèsent plus lourd aujourd’hui. Après avoir passé un wkd à tenter de gérer, refouler, exprimer et digérer nos émotions, voilà maintenant le temps de devoir les laisser quelque peu de côté pour retourner au travail. Possible? Peut-être. Sans douleur, sûrement pas.
J’ai toujours été de ceux qui n’osent pas donner leur avis. Par peur de dire des conneries, des absurdités dont on ne sait comment elles sont arrivées dans not’ ‘tite tête. Peut-être parce que j’ai toujours été nulle en histoire, en géo, en politique, je me dis que j’aurais le droit de m’exprimer le jour où je daignerais, vraiment, m’y plonger et m’y intéresser sérieusement et de comprendre.
Quand des atrocités comme celles dont nous avons été les témoins, certains plus que d’autre, quand cette animosité explose dans notre face, comment parvenir à vider son sac? Et bien, je crois, que tout simplement ce qu’il nous me faut, c’est essayer. Si je tente de le vider et que ce qui en sort ne plait pas, alors on m’aidera à mieux comprendre. Moi, aujourd’hui ce que j’ai à sortir, c’est un lot trop garni d’émotions. Des sensations que j’apprends à apprivoiser.
Mes proches n’ont pas été touchés. Les proches de mes proches non plus. Pour ce qui est des proches des proches de mes proches, ça, on le saura dans les prochains jours, le temps que les rumeurs traversent l’Atlantique.
Mais pour autant, le soulagement ne se fait pas ressentir. Je n’ai pas de «ouuuufffff» profond qui résonne, ni d’yeux levés au ciel, cherchant je ne sais quoi à remercier de les avoir protégés. Et la raison de cette absence de soulagement, c’est les autres. C’est tout ceux qui doivent baisser les yeux au sol, pour avaler la nouvelle, ceux qui ont le souffle coupé et qui n’ont personne à remercier pour ce sort qui vient de tomber.
Les années passent, les tragédies se suivent et je n’ai pas peur d’eux. J’ai peur, en revanche, de ce que je ressens à chaque nouvel événement. Car je me sens me préparer toujours un peu plus. Que j’apprends des autres, de ceux qui souffrent. J’observe et j’écoute leurs douleurs pour mieux savoir avec quoi je devrais peut-être un jour devoir traiter si je passe de leur côté, celui des autres.
Peut-être que ce sentiment vient du fait que je vis beaucoup de fortes émotions à distance depuis bientôt 6 ans. Des décès, des séparations, des maladies, des attentats. On peut se rassembler ici et s’entourer d’inconnus, mais moi je n’y trouve pas ma place. Que cela apaise celui qui s’y sent bien, moi je trouverais autre chose.
Alors comme tous, je vais continuer de vivre. Et de toute façon, c’est naturellement que cela reprendra. Pour tous les autres, je n’oublierai pas. Et face à eux, ma peur ne cédera.
Mes pensées plus que mes mots vers tous ceux qui en auront besoin.
Marie
Toutes les photos de Paris ont été prises par mon frère François Letard. Vous pourrez en découvrir plus ici.